New Transcendentalist
6 min readApr 26, 2022

A Book by Raymond Lefebvre “The Sacrifice of Abraham” Reviewed by Romain Rolland

I was trying to uncover the first uses of Antonio Gramsci’s phrase “Pessimism of the intellect, optimism of the will” and several scholars point out that Romain Rolland used it before him and point to this article written in the 19 March 1920 edition of L’humanite.

I could only find a photocopy of the paper in the original French, and tantalized by the biblical reference I typed the whole thing up in French just so that I could put it through google translate to see what it says. (Other biblical references in leftist literature include Frantz Fanon’s “Decolonization can be summed up in the well known words ‘the last shall be first.’” and bell hooks’ statement that she is a leftist because she read Matthew 25 every week in childrens church.)

Here is the article in French for anyone else who is curious, there are likely a few things wrong, but, its close. You can copy and paste it into the translator of your choice if you don’t know French. I bolded the section where the particular quote is (at the end).

If you like this and want more of it in the world send me a note/like/share/follow here or on instagram (where I am more active). If you’re really inclined, typing out obscure French articles doesn’t pay much, send me lunch money via paypal.

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Un Livre De Raymon Lefebvre “Le Sacrifice d’Abraham”

Par Romain Rolland

Tandis que les politiciens de la guerre s’encensent á tour de bras et font célébrer leur oeuvre par leur presse á tout faire, l’art et la pensée de France continuent leur implacable témoignage sur ces annéew funestes. Aprés les grandes oeuvres de Barbusse, de Duhamel, de Werth, de Roland Dorgelés, voici un roman nouveau de Raymond Lefebvre. Il est digne de prendre place á côté de ses illustres devanciers. Sur l’ensemble du groupe la personnalité de l’auteur se detache par sa verve alerte et primesautiére, dont la vive ironie enveloppe l’ardente émotion.

Le Sacrifice d’Abraham est une tragicomédie. Comédie par les caracteres. Tragédie par les événements. Et les réactions des uns contre les autres font un jeu ridicule et poignant.

Le personnage principal me paraît admirablement dessiné, d’un trait souple qui suit le mouvement imprévu et, en apparence, contradictoire de la vie. Edouard Testut est un robuste vieux Picard, archéologue, celtisant, membre de l’Académie des Inscriptions, mandarin Jalousement enfermé dans ses collections, son travail et ses livres. Il n’a jusqu’a la guerre préte qu’une attention distrait á tout ce qui l’entoure, et méme a sa famille, –á plus forte raison. Au pays. L’invasion viet le chasser de son douillet labeur; et la premiére réaction de son égoïsme troublé dans ses habitudes est la haine. Forcé de vivre sans ses livres, á Paris, et de regarder autour de lui, il découvre l’interêt des choses d’aujourd’hui; et, comme il est plus vivant que la pluppart de ses collégues, il sait se refaire une culture, une existence nouvelle. Le voici propagandiste de la guerre pour le Droit : le Picard avisé ecrit dans les journaux des articles retentissants, pour subvenir aux dépenses excessives de sa femme qui, déracinée de son foyer et de ses habitudes d’economie, gaspille sans compter : car << la guerre paiera…>> Testut devient l’auteur patriotique du ‘Devoir de Haine et des Contremaîtres, oú il rabaisse la science germanique. Il n’est dupe qu’á demi de la sophistique cornélienne, á la difference de ses collégues, qui, plus raides, tout d’une piéce, restent engoncés dans leur verbalisme. Si le bon sens critique de Testut ne s’y arrache pas, c’est plutot par faiblesse de caractére que d’intelligence, par peur de l’effort á faire, el parce qu son abdication intellectuelle est commodo et profitable.

Mais une grave crise morale viendra, lé déloger de sa quiétude nouvelle. Son fils s’est engagé ; et jusqu’ici, Testut s’en est assez peu troublé, bien qu’il aime ses enfants. Une certaine paresse d’imagination l’empêche de se représenter le danger. Le choc décisif se produit, quand son cornélianisme de parade l’a amené a faire un acte irréparable. Dans une conversation de salon, un sous-secrétaire d’Etat offre a Testut de faire envoyer son fils loin du front, a l’abri ; et le pére refuse, pour le plaisir de faire un mot héroique. Immediatement apres, il est pris de remords et voudrait effacer la parole qu’il a dite. Trop tard ! La vie de son fils paiera ce mensonge de rhétorique vaniteuse d’un instant.

Depuis ce temps, le caractére de Testut change. Il tâche de comprendre les vrais sentiments de son fils, sa pensée sur la guerre ; et il en est atterré. San suspendre sa littérature patriotique (car il ne peut plus s’en degager), il y introduit un esprit plus humain.

Cependant, lo fila meurt ; le pére, accouru au front. Assiste dans un hôpital à sa hidense agonie. Il revient, défaillant, rongé par des tortures morales, terrassé par une syncope du coeur, prés de mourir. Il resiste pourtant : son epaisse constitution physique, apres un desespoir violent et bref, reprend pied dans la vie ; il veut oublier, il oublie. Il se remet au travail ; sa vitalite rebondit. Helas ! il jouit de la vie, comme avant — plus qu’avant ! Il la trouve savoureuse. A peine sort-il de son anesthésie volontaire, un jour qu’on a rouvert sa blessure, en táchant de la ramener au << Devoir de Haine >> qu’il a jadis prêché. Mais ce n’est qu’un emportement d’une heure ; et il s’enfonce plus profondément, apres, dans son égoïsme intellectuel. Quand l’invasion est repoussée, il retrouve en Picardie sa propriete intacto ; il profite de bouleversement du sol par les obus pour faire des fouilles, qui le passionnent ; il est tout a sa joie de collectionneur. Un bonheur ne vient jamais seul : le manuscrit que son fils mourant lui a légué, — l’oeuvre des tourments et des sueurs de l’agonie, — est publie et a un gros succes de librairie, qui assure a Testut << une aisance large, une vieillesse sans inquiétude, un travail libre et fructueux >>. En verite, Abraham a tout gagne, au sacrifice d’Isaac : gloire, fortune, sante, parfait biennetre ; il n’est pas jusqu’a son talent, qui ne se soit elargi, sous le souffle de l’epreuve… << D’un passe triste tout est oublie… >>

Est-ce oublie ? — Non. Et c’est la grandeur tragique de cette analyse, qu’au fond Testut se souvient de tout, qu’il se juge clairement, et que cette amgnifique santé do travail, ce cynisme apparent, recouvre une grande souffrance cachée, la vision la plus apre et la plus désenchantée de luimeme et de sa generation et de toute sa civilisation. Si le celtisant Testut se refugie dans le passe historique de la Gaule, c’est qu’il pense que l’Europe n’a plus d’avenir. Elle a tué son avenir. Devant elle, il n’est plus qu’une abominable vie vouée à la nostalgie des souvenirs ; un long moyen-âge s’annonce, jusqu’aux siecles lointains ou les hommes auront peniblement reconquis la civilisation qu’ils ont égorgé — Et c’est la le vrai sacrifice d’Abraham.

Autour de la figure centrale abondent les caracteres, traces avec la meme adresse de psychologie, nerveuse et preste, ironique et emue : les deux enfants de Testut, le frere et la soeur, lies ensemble par une tendre intimité du affleure je ne sais quelle petite depravation d’estheres amoureux ; — les inoubliables et caricaturales silhouettes des colleagues de Testut, notes d’un oeil amuse et d’une main tres sure…

J’en al dit assez pour montrer dans ce libre un artiste de grand avenir. Mais ce que j’aime surtout en Raymond Lefebvre, c’est cette alliance intime — qui, pour moi, fait le vrai homme — du pessimisme de l’intelligence qui perce toute illusion, et de l’optimisme de la volonte, de cette vaillance naturelle qui est la fleur d’une bonne race et qui, non seulement << n’a pas besoin d’esperer pour entreprendre et de reussir pour perseverer >> mais qui rit dans le combat, par-dessus la souffrance, le doute, les souffles du neant : parce que son ardente vie est la negation de la mort. Et parce que son doute meme, le << Que sais-je ? >> francais devient l’arme du salut, en barrant la route au decouragement, et disant a ses reves d’action et de Revolution: << Pourquoi pas ? >>

14 Mars 1920

Romain Rolland.

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